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L'Aigoual forestier. Histoire d'une reconquête 1860 - 1914

Depuis huit mille ans, plus de la moitié des forêts qui couvraient la surface terrestre a été détruite ou gravement endommagée. De nos jours, ce phénomène ne fait que s’accélérer en raison de l’explosion démographique et de la mondialisation des échanges que connaît la planète. Cette déforestation n’est pas neutre. Elle a des conséquences économiques, écologiques et sociales qui peuvent provoquer l’effondrement de certaines sociétés comme pour l’île de Pâques dans le passé ou leur lente déliquescence comme Haïti actuellement.
Dans cette grande histoire des rapports des hommes à leur environnement, les montagnes françaises, et le massif de l’Aigoual en particulier, offrent l’exemple intéressant d’une séquence déforestation-reforestation et de ses effets. Au milieu du XIXe siècle, le massif offre selon les termes du conservateur des forêts de Nîmes : « l’image de la ruine et de la désolation ». Des siècles d’activités agricoles conjuguées à l’utilisation plus récente mais intense des forêts par les industries locales (mines, verrerie, charbonnières, industrie de la soie…) ont fait régresser le couvert forestier et laissé le sol à nu dans un climat excessif où les sécheresses estivales sont suivies de trombes d’eau qui emportent les terres et provoquent la crue des cours d’eau et les inondations dans les vallées. À partir de 1860, l’administration des forêts reçoit la mission de doter la France d’un bouclier de forêts protecteur. Le reboisement des montagnes doit garantir le développement et la sécurité de la société moderne.

Cet ouvrage retrace l’histoire du reboisement du massif de l’Aigoual, celle des forestiers qui l’ont réalisée mais également celle des habitants du massif qui, en s’y opposant ou au contraire en y participant activement, ont vu leur cadre de vie se modifier et leur montagne, en cours d’abandon, régénérée par la reconquête forestière.